Les coccinelles sont très aimées et on dit qu’elles portent bonheur. Et de fait, la coccinelle est une véritable bénédiction au jardin. Au printemps, quand les pucerons se multiplient à toute vitesse, les coccinelles sont souvent les premières à s’attaquer aux ravageurs. Une larve de coccinelle peut dévorer des centaines de pucerons jusqu’à la période de sa nymphose.
Il est donc dans votre intérêt d’attirer ces habitants du jardin utiles dès le début du printemps avec des plantes indigènes en fleur. Les femelles seront ainsi dans les starting-blocks pour pondre lorsque les premiers pucerons feront leur apparition.
Les coccinelles sont les coléoptères les plus appréciés des humains. Nous apprécions leur travail d’auxiliaires car la plupart des coccinelles, à l’état de larves puis adultes, dévorent des dizaines de pucerons et de cochenilles par jour. Certaines espèces de coccinelles mangent aussi les feuilles mais une espèce à part, très spécialisée, ronge la mousse fongique de l’oïdium. Les espèces les plus fréquentes dans nos jardins sont toutefois les coccinelles à deux points, à sept points et la coccinelle asiatique, toutes des chasseuses de pucerons.
Les pucerons sont la plaie des jardiniers et des plantes. Ils se multiplient très rapidement et les fourmis les adorent et les protègent en raison de leurs sécrétions sucrées. Il est donc rassurant de savoir que les pucerons font partie de la chaîne alimentaire du jardin et qu’ils ont de nombreux prédateurs. Les coccinelles adultes et leurs larves se nourrissent de préférence de ces nuisibles embêtants et collants, contribuant ainsi à maintenir les colonies de pucerons sous contrôle, de manière biologique et naturelle.
Il n’existe pas UNE seule espèce de coccinelle, au contraire, on recense au moins 100 espèces en Europe centrale et plus de 6000 espèces dans le monde entier. Une caractéristique des coccinelles est le nombre de points sur leurs élytres. Ce nombre de points figure même fièrement dans le nom de certaines espèces, de la modeste coccinelle à deux points à la célèbre coccinelle à sept points, dans oublier celle à 22 points. Toutefois, il serait faux de penser qu’il suffit de compter les points sur le dos des insectes pour les reconnaître. La coccinelle à deux points par exemple se présente en robe rouge avec 2 points noirs uniquement en hiver. En été, elle est plus souvent noire avec entre 2 et 4 taches rouges. La coccinelle asiatique présente aussi des variations de couleurs, allant du jaune clair au rouge, en passant par l’orange. Ses points, pouvant aller jusqu’à 19, peuvent être si gros qu’elle est presque noire avec quelques taches rouges alors que d’autres n’ont pas de points et sont entièrement rouges.
La coccinelle jaune à 22 points, avec exactement 11 points sur chaque élytre est une espèce à part et pas uniquement en raison de sa couleur typique. Elle se rend en effet utile en rongeant la mousse fongique des plantes atteintes d’oïdium.
La coccinelle à deux points se présente généralement en hiver et au début du printemps dans son habit rouge à deux points noirs. En été, les élytres noirs sont plus fréquents.
Lorsque les populations de pucerons explosent littéralement au printemps, les coccinelles interviennent très rapidement. Après un long hiver que les insectes ont passé dans des anfractuosités les protégeant du gel, ils ont besoin d’un vrai repas.
Les plantes à floraison précoce fournissent un pollen nourrissant idéal et les coléoptères dévorent également les premiers pucerons.
Stimulés par cette nourriture riche en protéines, les œufs arrivent rapidement à maturité et les femelles collent les œufs jaune-orangé, ovales et allongés sur la face interne des feuilles.Elles pondent entre 10 et 30 œufs qu’elles déposent juste à côté des pucerons. Les larves de coccinelle tout juste sorties de l’œuf sont aveugles.
Et c’est une bonne chose qu’elles ne doivent pas marcher longtemps avant de rencontrer un puceron. Le puceron est aussitôt piqué et voluptueusement vidé de son sang.Les larves voraces aident leurs frères et sœurs à trouver de la nourriture en secrétant un appât qui indique le chemin à suivre pour trouver les pucerons.
Les cycles de vie des autres espèces de pucerons peuvent différer. Il existe par exemple des espèces dont les individus se reproduisent exclusivement par parthénogenèse, c’est-à-dire qu'il se multiplient sans fécondation ou intervention d'un mâle.
Hiver: Les coccinelles passent l'hiver au stade adulte, cachées dans des fentes ou fissures. En revanche, chez les pucerons, seuls les œufs les plus robustes passent l'hiver. | Printemps: Dès que les températures atteignent env. les 10 °C, les coccinelles sortent de leur cachette hivernale et cherchent des fleurs pour se nourrir de pollen et de nectar. Dès que les rosiers commencent à bourgeonner, les premiers pucerons verts éclosent des œufs. |
Printemps I: Les pucerons éclos puisent dans les vaisseaux de sève des rosiers et créent ainsi des portes d'entrée pour les organismes nuisibles. Dès que les coccinelles découvrent les premiers pucerons, elles les ingurgitent avec appétit. | Printemps II: Alors que les coccinelles s'accouplent et pondent des œufs, les pucerons donnent directement naissance à de jeunes individus complètement formés et sans accouplement préalable. Il n'y a pas de mâles, tous sont des femelles. Chaque génération se reproduit donc à 100%. |
Printemps III: Les œufs des coccinelles éclosent et donnent naissance à des larves qui se nourrissent presque exclusivement de pucerons. Elles endiguent ainsi la multiplication fulgurante des pucerons. | Début de l'été: Pendant la nymphose des larves de coccinelles, les pucerons rescapés continuent leur multiplication infernale et les populations de pucerons se rétablissent quelque peu. |
Été I: La première génération de coccinelles émerge des nymphes. Ces coléoptères se nourrissent également de pucerons. | Été II: La nouvelle génération de coccinelles s'accouple et pond des œufs. Les pucerons continuent à «donner naissance» à des jeunes sans s'accoupler. Il peut maintenant y avoir des femelles ailées qui quittent les rosiers pour d'autres plantes hôtes, comme le houx, la valériane, les scabieuses ou les knauties. |
Fin de l'été: Des larves de coccinelles éclosent des œufs qui se nourrissent presque exclusivement de pucerons et en exterminent plusieurs dizaines chaque jour. | Début de l'automne: Alors que les larves de coccinelles se nymphosent, les pucerons restants continuent à «donner naissance» à des jeunes. Ceux-ci se développent maintenant pour devenir des mâles et des femelles. |
Automne: La génération sexuée de pucerons porte des ailes. Ils s'accouplent et les femelles pondent des œufs sur les rosiers pour l'hiver. Les coccinelles se retirent dans leur cachette hivernale. | Hiver: Dès que les températures atteignent env. les 10 °C, les coccinelles sortent de leur cachette hivernale et cherchent des fleurs pour se nourrir de pollen et de nectar. Dès que les rosiers commencent à bourgeonner, les premiers pucerons verts éclosent des œufs. |
Les pucerons ont développé une stratégie fascinante pour avoir toujours une longueur d’avance sur leurs ennemis. Au lieu de perdre du temps à s’accoupler et pondre des œufs, ils sont capables de se cloner eux-mêmes au printemps.
Cette capacité à se reproduire sans mâle s’appelle la parthénogénèse. À cela s’ajoute un autre talent: les pucerons ne pondent pas d’œufs mais «accouchent» de jeunes déjà formés. Cela s’appelle la viviparité.
La parthénogénèse et la viviparité permettent au puceron de porter des petits qui ont déjà des enfants en eux. Ou, pour le formuler autrement, les pucerons ont déjà leurs petits-enfants dans le ventre.
Au printemps, ces petites «fabriques à bébé» déposent sans arrêt de mini pucerons génétiquement identiques sur les feuilles. Une femelle peut ainsi donner naissance à 100 petits en l’espace de 3 semaines.
Quand on sait que ces petits peuvent eux aussi «accoucher» 2 semaines plus tard, on comprend rapidement que quelques pucerons peuvent se multiplier par mille en l’espace de quelques semaines. Et que nos larves de coccinelles ont fort à faire!
Le drame grandiose de la nature, chasser pour se nourrir et/ou servir de proie, se joue tous les ans au printemps et la météo a l’un des rôles principaux. Si les pluies sont abondantes au début du printemps, les jeunes pousses regorgent de sève. Les œufs de pucerons qui ont hiberné sur une branche donnent naissance à de jeunes ravageurs assoiffés qui vont aspirer sans vergogne la sève des tendres bourgeons.
La sève en abondance va rapidement permettre aux jeunes insectes de se transformer en femelles en âge de procréer et si la période de pluie est suivie d’une période chaude et ensoleillée, les pucerons n’ont plus aucune limite. La chaleur stimule toutes leurs fonctions vitales et ils produisent des jeunes à une cadence toujours plus rapide.
Sans oublier que la deuxième génération commence à se multiplier, pour former des colonies de pucerons à la fâcheuse réputation, comptant plusieurs centaines d’individus. En aspirant la sève, ils peuvent maltraiter les pousses de telle sorte que les feuilles s’enroulent et que les pointes se déforment. Ces colonies sont un véritable pays de Cocagne pour les larves de coccinelles.
La nourriture n’est toutefois pas si abondante tous les ans. Un printemps froid et sec ou un changement de temps au mauvais moment peuvent priver les coccinelles de nourriture. Si les pucerons ne sont pas assez nombreux, la plante est vite nettoyée et les larves n’hésitent pas à manger leurs congénères, larves plus faibles ou œufs sans défense.
Quand on a un ennemi aussi féroce que la coccinelle, il est indispensable d’avoir des alliés, que les pucerons trouvent chez les fourmis. Elles accourent volontiers en nombre pour lécher le miellat. Ce liquide sucré est excrété par les pucerons par deux canaux anaux séparés.
Pour les pucerons, le sucre est un résidu car la sève des plantes qu’ils aspirent en permanence est beaucoup trop sucré et aqueux. Ils filtrent donc les nutriments et les acides aminés qui les intéressent et éliminent le surplus d’eau et de sucre. On peut donc aisément comprendre que les fourmis n’apprécient guère que leur bar à sirop soit menacé par des larves de coccinelles voraces et elles n’hésitent pas à les pousser des tiges sans ménagement.
Parfois, le miellat coule sur les feuilles en dessous, ce qui attire les guêpes. Et comme les feuilles sont poisseuses, cela favorise l’apparition de champignons ascomycètes qui recouvrent les feuilles d’une pellicule noire. Pour les jardiniers, des feuilles gluantes et recouvertes d’une pellicule noire et des plantes entourées de guêpes sont un signal clair que les pucerons sont à l’œuvre.
En plus de leurs congénères, les larves d’autres espèces de coccinelles peuvent représenter une menace, soit indirectement en leur faisant concurrence pour la nourriture, soit directement, en les dévorant. La coccinelle asiatique (Harmonia axyridis) notamment, une espèce importée d’Asie et qui se répand de manière invasive chez nous, est considérée comme une menace. Plus grosses que celles des espèces indigènes, ses larves privent les coccinelles locales en devenir de nourriture et elles n’hésitent pas à manger les œufs et les larves des coccinelles locales à l’occasion.
La coccinelle figure également au menu des oiseaux, libellules, lézards et autres amateurs d’insectes. Les coccinelles tentent de se protéger de ces ennemis de deux façons: signe de toxicité dans le règne animal, sa coloration jaune tirant sur le rouge aux points noirs est destinée à décourager ses prédateurs à l’«œil nu». Elles peuvent aussi produire des alcaloïdes toxiques qui leur donnent un goût amer et certaines mésanges préfèreront s’abstenir la prochaine fois.
En revanche, les couleurs de mise en garde ne sont d’aucune utilité contre les parasites, tels les chalcidiens et les guêpes parasitoïdes qui pondent leurs œufs dans ceux des coccinelles ou dans les larves et dévorent les futurs coléoptères à l’intérieur. Les variations importantes de températures en hiver sont également problématiques pour les coccinelles: si la température est trop élevée dans la cachette, cela active son métabolisme et le coléoptère consomme de l’énergie qu’il ne peut pas remplacer. Dans la nature, la petite coccinelle à deux points est souvent âgée d’1 à 2 ans. Nettement plus grosse, la coccinelle asiatique peut quant à elle être déjà âgée de 3 ans.
Les coccinelles sont incontestablement très utiles au jardin. Elles aiment en effet les pucerons mais aussi les cochenilles, ce qui permet de contribuer à réguler les populations d’un autre ravageur. Si vous souhaitez attirer les coccinelles dans votre jardin, il est conseillé de leur offrir un cadre accueillant tout au long de l’année.
Printemps et été
Automne et hiver
Semer des bandes florales précises proposant une grande variété de plantes appréciées par les auxiliaires, planter un arbuste ici ou là, intégrer des plantes indigènes à une plate-bande de fleurs ou laisser fleurir les «mauvaises herbes», tout est affaire de goût et de préférences.
Pour les coccinelles, le critère déterminant est la présence permanente de fleurs au pollen riche en protéines. Cela leur permet en effet de survivre pendant les périodes où les pucerons sont rares.
Les plantes suivantes sont appréciées par les coccinelles mais aussi en cuisine et pour préparer des infusions. Si l’on souhaite les partager avec les coccinelles, il faut les laisser fleurir le plus longtemps possible et ne pas récolter toutes les fleurs.
Comme les pucerons se multiplient rapidement au printemps si les conditions sont favorables, les coccinelles déjà installées au jardin n’arrivent pas à suivre la cadence et à les éliminer tous. Il faut alors faire appel à une équipe de renfort extérieure: les larves de coccinelles sont déposées de manière ciblée sur les plantes infestées par les pucerons.
Dans les serres et les jardins d’hiver qui sont fermés ou en cas d’infestation dispersée de pucerons dans le jardin, il vaut mieux déposer des coccinelles adultes plus mobiles. Mais attention: si le jardin ne leur plaît pas, elles ne resteront pas!
Par rapport aux produits phytosanitaires classiques, les auxiliaires tels les coccinelles et leurs larves offrent des avantages indiscutables:
La vidéo suivante montre comment et où les coccinelles et leurs larves peuvent être introduites dans le jardin (Les sous-titres français peuvent être affichés):
Si l’infestation des pucerons est découverte tardivement quand les feuilles se sont déjà enroulées sur elles-mêmes et déforment les tiges, il est à craindre que les plantes soient endommagées. Un programme de premier secours est maintenant indispensable. Les produits phytosanitaires biologiques officiellement autorisés permettent d’éliminer rapidement les pucerons. Toutefois, les moyens en contact direct sont également problématiques pour les larves de coccinelles.
Il est donc recommandé de les utiliser uniquement si l’on n’observe pas d’auxiliaire sur la plante et, dans tous les cas, avant de déposer les auxiliaires.
Comme les produits phytosanitaires biologiques ne laissent aucun résidu toxique, les larves de coccinelles peuvent être déposées une fois la plante complètement sèche.
Les larves de coccinelles peuvent maintenant partir à la chasse aux pucerons avec entrain. Elles poursuivent leurs proies jusque dans leur cachette, ce que ne permet pas la pulvérisation de produit.
Quelles sont les fleurs préférées des coccinelles de votre jardin? Et sur quelles plantes vous aident-elles à réguler les populations de pucerons? Envoyez les récits de vos rencontres avec les coccinelles, illustrés de photos et de vidéos, à bewild(at)biogarten.ch. Nous serons heureux de les découvrir.
Franziska est fascinée par presque tout ce qui rampe et vole. Elle aime particulièrement les auxiliaires du jardin, car ils lui épargnent beaucoup de travail et l'aident à garder son jardin en bonne santé.