Certains disent que les papillons sont les âmes de nos défunts, d’autres voient en eux un symbole de renaissance et d’immortalité. Et parfois, on a « des papillons dans le ventre».
Quoi qu’il en soit : les papillons sont des animaux fascinants. Ils font en principe partie intégrante d’un jardin naturel – et il ne faudrait pas que ça change. Créons donc un petit paradis pour les papillons – car ils ont urgemment besoin de notre aide !
Dans tous les jardins, il est possible d’aménager des zones permettant aux papillons de se reproduire. D’ailleurs, créer un jardin naturel et accueillant pour les abeilles permet d’offrir aux papillons le nectar dont ils raffolent. Comme mentionné plus haut, les bars à nectar ne sont pas d’une grande utilité aux papillons si ces plantes n’offrent pas de nourriture aux chenilles ni de structures permettant aux œufs, aux chenilles et aux chrysalides de passer l’hiver.
Les plantes que les chenilles préfèrent et qui attirent aussi beaucoup les papillons, sont l’ortie, le fenouil et l’aneth, les chardons, la livèche et les graminées. Si on y ajoute du trèfle, de l’oseille, du plantain et du gaillet-gratteron, on a un vaste choix de plantes pour les chenilles de certains papillons indigènes. Et il est même possible d’aménager un jardinet accueillant pour les papillons sur un balcon. Il suffit de choisir le plus de plantes indigènes possible et un petit jardin de plantes aromatiques parfumées, par exemple thym, ciboulette, menthe, aneth, capucine, sauge, ysope et autres, offre un magnifique «bar à jus» en libre-service où les papillons aimeront venir.
Toutefois, créer un paradis pour les papillons de jour et de nuit demande de respecter d’autres critères. Les papillons de nuit sont attirés par la lumière. Mais la lumière peut aussi les déranger. Les lumières de jardin fortes pendant la nuit sont donc à éviter absolument dans les jardins naturels.
En effet, la «pollution lumineuse» perturbe le comportement naturel des papillons de nuit et dérange aussi d’autres animaux sauvages. Donc, si lumière il doit y avoir, uniquement où c’est nécessaire et si possible, avec un réglage horaire. Se fouler le pied parce qu’on n’a pas vu la marche de la cabane à outils dans l’obscurité n’est pas nécessaire. Mais laissez la nuit être la nuit et ne transformez pas la nuit en jour – en tous cas, pas au jardin ;-)
Quand on découvre une chrysalide de papillon dans le jardin, on se sent soudain comme un enfant devant les pochettes surprise d’autrefois : on aimerait savoir ce qui se cache à l’intérieur !
Certains affirment être capables de savoir quel animal va éclore rien qu’en regardant le cocon – mais la plupart d’entre nous sont tout simplement fascinés, impatients et comptent les jours jusqu’à l’éclosion.
Les stades de développement du papillon sont les suivants : œuf, chenille puis papillon. Et c’est aussi ce qui rend aussi passionnante la création d’un jardin accueillant pour les papillons.
Les différents stades de développement du papillon exigent différents aménagements. Très répandu et très apprécié, le Buddleia, ou arbre à papillons, attire certes les papillons comme un aimant – mais sans œufs ni chenilles, pas de papillons.
En effet, cet arbre n’est pas une espèce indigène et aucun papillon ne pensera à y pondre ses œufs et les chenilles ne viendront pas non plus manger les feuilles et les fleurs de cet arbuste envahissant. Il existe suffisamment d’essences locales et non invasives bien plus utiles pour la biodiversité.
Comment créer un jardin accueillant pour les papillons pour les inviter à venir et à se reproduire ? Il faut des plantes pour qu’ils puissent pondre leurs œufs et dont les chenilles pourront se nourrir. Et des plantes offrant de la nourriture aux adultes.
Comme tous les animaux sauvages, le papillon a besoin d’un endroit adapté pour passer l’hiver. Selon les espèces, l’hibernation se fait sous la forme d’œuf, de chrysalide ou de papillon.
Quand on se promène dans le jardin pendant l’hiver, on peut parfois apercevoir des papillons citron «gelés» aux ailes ornées de petits cristaux de glace, dans un recoin de haie bien abrité. Attention, il faut les toucher uniquement avec les yeux !
Dès que le printemps arrive et que le mercure monte, les premiers papillons font leur apparition au jardin. Par exemple, le papillon citron, la Vanesse de l’ortie ou encore le Paon du jour, des espèces qui hibernent sous forme de papillon sous nos latitudes et qui se mettent à la recherche de nourriture dès leur réveil.
Pendant ce temps, une chrysalide brune presque invisible se promène dans l’herbe avant de donner naissance à un gracieux Moro-sphinx, tandis qu’une chenille de Mégère sort d’hibernation et se met aussitôt à festoyer dans l’herbe.
Tout ce petit monde vole de-ci, de-là, se repait de nourriture et éclot. Un spectacle qui réjouit les humains, mais aussi les oiseaux et autres insectivores, heureux d’avoir une plus grande diversité d’aliments après des mois de privation.
Même si le pollen des fleurs n’a aucune importance pour les papillons puisqu’ils s’intéressent uniquement au nectar, ils contribuent grandement à la pollinisation des fleurs car le pollen des végétaux se colle à leurs corps.
On peut voir des papillons au jardin de mars à novembre. Des mois qui permettent d’observer différentes espèces de papillons de jour et de nuit : des papillons de jour de de toutes les couleurs et d’étranges papillons de nuit, totalement invisibles pendant la journée.
On peut aussi observer de petites chenilles vertes au corps mince et d’autres, noires, dodues et velues. Alors que les papillons de jour sont bien visibles, les papillons de nuit, pourtant plus nombreux, sont plus difficiles à observer.
Il est impossible de créer un jardin pouvant offrir suffisamment de nourriture aux papillons à leurs différents stades d’évolution, leur permettant d’hiverner et plus encore. C’est aussi le cas avec les oiseaux et les abeilles – il est impossible de répondre à tous les besoins dans nos jardins, sur nos terrasses ou un balcon. Mais chaque plante vivace locale et chaque centimètre carré de nature comptent.
Il existe près de 3436 espèces de papillons de nuit en Suisse.
Source: bafu.admin.ch
Attirer des papillons n’est pas très difficile. Les papillons sont beaucoup plus mobiles que les chenilles et savent où trouver leurs fleurs préférées. Si vous avez beaucoup de Lamiacées et de Faboideae et que vous laissez pousser de grands chardons et orties, vous avez tous les atouts en main.
Comme pour les abeilles sauvages, il faut penser à prévoir de la nourriture pour papillons pour toutes les saisons et choisir les plantes en conséquence. Il faut ensuite faire preuve de patience, observer et modifier ou compléter certaines plantations avant d’apprécier la visite des papillons.
Malgré leur imposants yeux composés, les papillons ne voient pas spécialement bien. Leur œil à facettes leur permet de reconnaître la couleur des fleurs à quelques mètres de distance seulement (5 m environ). Pourtant, pour les papillons de jour – comme pour les êtres humains – l’aspect visuel de la nourriture est essentiel. La couleur des fleurs est très importante et les papillons les choisissent sur ce critère.
Quand la nuit commence à tomber, les papillons de jour se mettent en quête d’un abri. Les papillons de nuit sortent alors de leur cachette et partent à la recherche de nourriture, «nez au vent», car le papillon de nuit réagit aux parfums. D’ailleurs, si vous avez de la place pour un chèvrefeuille des bois, vous ferez le bonheur des papillons de nuit.
Vous trouverez ci-dessous une petite liste regroupant quelques papillons typiques qui aiment venir dans les jardins et les plantes pour chenilles et papillons correspondantes.
Bien sûr, bien d’autres espèces de papillons s’ébattent dans votre jardin. Les Papilionidae, une des espèces les plus colorées – dont le Machaon fait également partie ou les Piérides qui ont plutôt tendance à faire sursauter nerveusement les jardiniers qu’à les émerveiller.
Parmi les papillons fascinants, on trouve notamment le Moro-sphinx qui ressemble à un petit colibri avec sa façon particulière de voler de fleur en fleur, ne s’arrêtant que rarement.
La grande majorité d’entre eux ont un point commun – une longue trompe qui leur permet de butiner le nectar dont ils se régalent. En vol stationnaire comme le Moro-sphinx ou posés sur la fleur, ils aspirent le nectar avec leur trompe.
Les fleurs aux longs et profonds calices qui n’intéressent pas les autres insectes car les calices sont trop longs pour leur organe d’aspiration, sont pour eux de vrais «bars à jus».
Généralement, les papillons de jour préfèrent les fleurs qui se dressent en direction du soleil tandis que les papillons de nuit privilégient les fleurs pendantes.
Papillon | Plante pour chenilles | Plante pour papillons |
---|---|---|
Aurore | Cardamine des prés | Cardamine des prés |
Robert-le-diable | Ortie, saule Marsault | Arbustes fruitiers, rosiers sauvages |
Hespérie de la houque | Graminées | Centaurées, vipérine |
Vanesse des chardons | Chardon, plantago | Chardon |
Cuivré commun | Oseille commune | Lavande, thym |
Petite Tortue | Ortie | Chardon, eupatoire |
Mégère | Graminées | Lavande, épervières |
Moro-sphinx | Caille-lait blanc | Sauge, cataire |
Paon du jour | Ortie | Chardon, ortie |
Machaon | Fenouil, aneth, apiacées | Trèfle des prés, scabieuse des champs |
Citron | Bourdaine, rhamnaceae | Chardon, lavande |
Argus frêle | Trèfle | Genêt |
Il existe toutes sortes de chenilles, magnifiques, étranges, velues ou à piquants. Voyantes ou invisibles, la nature s’est inspirée de toutes les possibilités. Au niveau de la diversité de l’apparence, certaines chenilles peuvent rivaliser sans problème avec les papillons.
Si vous souhaitez proposer de la place aux papillons pendant tout leur cycle de développement, il faut penser aux plantes pour chenilles. Ces plantes ont souvent une apparence moins spectaculaire et sont moins colorées que les plantes dont se nourrissent les papillons mais elles sont tout aussi précieuses et essentielles. En ce domaine, l’ortie, le chardon et le trèfle permettent de répondre à un «besoin de base». Et si toutes sortes de graminées poussent dans l’herbe, les chenilles seront bientôt nombreuses à venir s’ébattre au jardin.
Il est indispensable de ne pas déranger les plantes à chenilles quand celles-ci sont en train de se nourrir. Comme ces plantes prennent généralement une apparence peu esthétique une fois que les chenilles ont débuté leur festin, il vaut mieux éviter de planter les végétaux préférés des chenilles dans la partie soignée du jardin. Si vous cultivez du fenouil et de l’aneth dans vos plates-bandes d’herbes aromatiques et de légumes, il faut s’attendre à ce que la chenille du Machaon ou «chenille de la carotte» vienne se servir. Il y a d’ailleurs des jardiniers qui n’apprécient ni l’aneth ni le fenouil mais les cultivent uniquement pour cette raison ;-)
Certains papillons hibernent dans nos jardins sous forme d’œuf, de chenille, de chrysalide ou de papillon. Les papillons hibernent par exemple dans des amas de bois mort ou des haies de bois mort, les greniers ou les abris de jardin. Les vieux arbres offrent une structure d’hibernation parfaite à de nombreux papillons. Les œufs restent accrochés sur les plantes-hôtes.
Si vous avez dans votre jardin des plantes pour nourrir les chenilles de papillons qui pondent jusqu’à la fin de l’automne, il faut tondre précautionneusement. Si vous tondez trop tôt, à l’arrivée de l’hiver ou au printemps, cela empêche les chenilles d’éclore au printemps et vous serez donc privés du bal estival des papillons. La chenille de la Mégère, par exemple, hiberne dans l’herbe au ras du sol, forme son cocon au printemps et se transforme en papillon en été.
L’idéal étant de couper l’herbe 1 à 2 fois par an, en parcelles. C’est-à-dire : ne jamais tondre toute la surface en une fois, mais parcelle par parcelle, en respectant un intervalle de 1 à 2 semaines et laisser l’herbe coupée sur place pendant 2 ou 3 jours avant de la ramasser. Cela permet ainsi aux chenilles de pouvoir ramper un peu plus loin. Idéalement, les plantes ensemencent le terrain pendant ce temps, pour une repousse luxuriante.
Poster à télécharger avec une sélection de papillons qui visitent nos jardins. Avec un aperçu mensuel et des plantes nourricières. Y compris les différents stades de développement des papillons et le stade auquel ils passent l'hiver chez nous.
Avec la liste sur le poster, vous savez également avec quelles plantes vous attirez les papillons dans vos jardins et ce dont vous avez besoin pour qu'avec un peu de chance, ils pondent leurs œufs et que vous puissiez assister à tout le processus de développement.
Amusez-vous bien !
Quels sont vos trucs et astuces pour créer un buffet coloré appétissant pour les papillons ? Quelles variétés de papillons viennent dans votre jardin et quelles sont vos expériences avec ces petits animaux qui viennent partager votre jardin avec d’autres espèces ? Nous attendons vos témoignages et vos photos à bewild(at)biogarten.ch.
Chez Nadine, des «safaris papillons» ont régulièrement lieu dans le jardin. On voit alors une silhouette endormie se faufiler dans le jardin tôt le matin, l'appareil photo autour du cou, et plus elle en découvre, plus elle se réveille ;-) Chaque année, elle expérimente de nouvelles plantes vivaces et l'ambiance était à la fête lorsque des orties ont enfin «colonisé» le jardin. Le papillon préféré de Nadine est le sphynx colibri, même si il est très difficile à photographier de part sa vitesse ;-)