L’usage de pesticides dans les jardins est de plus en plus critiqué. Pourtant, est-il toujours nocif de pulvériser des produits phytosanitaires ? De belles plantes en bonne santé et des récoltes sans ravageurs exigent certaines mesures – et parfois des produits phytosanitaires.
Heureusement, les produits phytosanitaires Bio offrent une alternative intéressante aux pesticides conventionnels.
Même dans les jardins Bio, il est parfois difficile de renoncer aux produits phytosanitaires. Alors, on essaie de limiter les ravageurs et les maladies avec le choix judicieux des variétés et des méthodes de culture et à l’aide de protections mécaniques ou de mesures préventives destinées à rendre les plantes plus résistantes. Cette démarche présente de nombreux avantages et réduit considérablement la nécessité d'une intervention curative. Malgré ces mesures, il est parfois nécessaire d’utiliser des produits phytosanitaires dans les jardins Bio.
Dans un jardin biologique, on ne pulvérise pas n'importe quelles substances, mais des produits phytosanitaires biologiques. Mais qu'est-ce qu'un produit phytosanitaire biologique ?
Comme leur nom l’indique, il s’agit de produits fabriqués à base de plantes. Ces extraits constituent des agents de protection des plantes très efficaces.
Un exemple : l'azadirachtine extraite des graines du margousier ou neem. La substance active agit efficacement contre divers ravageurs suceurs tels les pucerons. Le produit s’élimine en quelques jours et comme il est d’origine naturelle, les résidus sont également inoffensifs.
Il s’agit de substances présentes dans la nature sous cette forme et qui sont soit obtenues directement sous leur forme naturelle, soit produites artificiellement avec la même structure. Par exemple, le bicarbonate de potassium, un sel qui fait partie des agents levants (poudre à lever) et qui est utilisé de manière préventive contre les maladies fongiques. Il empêche les spores fongiques de germer et de pénétrer les feuilles.
Dans notre esprit, les virus, bactéries et champignons sont dangereux car ils font partie des agents infectieux pour les humains. Ces agents pathogènes peuvent toutefois agir de façon très spécifique.
Un virus qui nous rend malade n'affectera pas le puceron si nous lui éternuons dessus. Il est en revanche possible d’utiliser certains agents pathogènes spécifiques aux ravageurs pour les combattre.
Prenons l’exemple du carpocapse des pommes, le ver dans la pomme. Si l’on ne fait rien contre, près de 80% des pommes peuvent être véreuses. On lutte contre le carpocapse des pommes à l’aide d’un agent pathogène naturel, le virus de la granulose, spécifique au carpocapse des pommes.
On pulvérise le virus sur le pommier avant que les larves ne piquent les pommes. Dès que les larves entrent en contact avec le virus, elles tombent malades et meurent. Le virus agit de manière très ciblée, c’est-à-dire qu’il n'affecte pratiquement aucun autre animal et qu'il est totalement inoffensif pour les humains.
Il ne frappe pas non plus d’autres auxiliaires, telles les coccinelles et ses larves, abeilles, acariens prédateurs et autres visiteurs appréciés sur les pommiers. C’est un peu comme retirer le ravageur de la plante à l’aide d’une pince à épiler sans toucher aux autres insectes. Le virus s’élimine très rapidement sous l’effet des rayons UV et de l’oxygène et ne laisse aucun résidu.
Cette catégorie regroupe les organismes de taille un peu plus grande – dits les auxiliaires – que l’on utilise pour lutter contre les ravageurs. Ils ont besoin des ravageurs pour vivre car ils s'en nourrissent ou parasitent leurs œufs ou leur progéniture, comme les larves, pour se reproduire.
Le meilleur exemple en la matière étant les coccinelles zélées. Les larves de la coccinelle indigène à deux points (Adalia bipunctata) sont non seulement présentes naturellement dans nos jardins mais peuvent également être introduites de manière ciblée pour combattre les pucerons.
Les larves et les coccinelles dévorent les pucerons et partent à la recherche de nouvelles sources de nourriture dès qu'une des colonies de pucerons a disparu de la plante naguère infestée. Ainsi, il n’y a donc aucun résidu sur les plantes, pas de délai d'attente à respecter et le traitement est très ciblé.
Hormis la coccinelle, il existe de nombreux organismes tels que les larves de chrysopes, les micro-guêpes, les acariens prédateurs et les punaises prédatrices qui peuvent être utilisés pour lutter contre les ravageurs.
Lors de la conception d’insecticides chimiques de synthèse, on utilise des substances souvent présentes à l’état naturel et dont la forme moléculaire a été légèrement modifiée chimiquement, l’objectif étant d’obtenir une action de plus longue durée et à plus large spectre.
Une efficacité sur une longue période semble positive au premier abord car la plante est protégée des prédateurs plus longtemps. Mais si un produit est efficace à long terme, il s’élimine aussi plus lentement et demeure plus longtemps sur la plante, puis dans les récoltes et dans le sol, avant de se retrouver dans les ruisseaux, fleuves et rivières et même dans nos sources d’eau potable.
Un produit phytosanitaire qui s’élimine rapidement offre donc d’énormes avantages écologiques.
Un effet à large spectre signifie qu’un seul produit phytosanitaire permet d’éliminer de nombreux ravageurs. Cela peut sembler séduisant mais plus le spectre d'activité du produit est large, plus il nuit également aux insectes non nuisibles ou même aux insectes utiles.
Si l’on veut lutter contre les pucerons, il ne faut pas en même temps éliminer leurs prédateurs naturels comme les coccinelles, chrysopes ou autres ni les insectes pollinisateurs, comme les abeilles qui assurent une récolte abondante.
Par conséquent, le soi-disant avantage d’un produit phytosanitaire qui ne doit être pulvérisé qu'une seule fois par an est trompeur. Car certes, il s’attaque aux ravageurs mais il affecte également de nombreux autres insectes bénéfiques pour le jardin et les plantes (auxiliaires) et cela, pendant toute la durée de son action.
Les produits phytosanitaires Bio qui agissent de manière ciblée et s’éliminent rapidement sont donc la meilleure solution contre les ravageurs et les maladies. De plus, les éventuels résidus ont une totale innocuité environnementale.
Pour un environnement préservé, des plantes en bonne santé et une récole naturelle et abondante.
Des plantes et une récolte saines n'excluent pas que le jardin puisse aussi être un habitat pour les insectes, les oiseaux, etc. Ce qui désole Ralph, c'est de voir que dans certains jardins, les fruits, baies et légumes soient davantage contaminés par des pesticides chimiques que dans les magasins.
Cet article vise à mettre en lumière les produits phytosanitaires bio et à expliquer comment ils agissent.