«Tout sous le signe de l'amour»

Entretien avec Brigitte Stadler

Andermatt Biogarten : Qu'est-ce qui t'a incitée à créer un jardin biodiversifié ?

Brigitte Stadler : Déjà pendant nos études à Zurich, lorsque nous avons pu louer une villa avec jardin en colocation, j'ai remarqué à quel point j'aimais les plantes. Lorsque les enfants sont arrivés, cela s'est encore renforcé et la passion du jardinage m'a littéralement envahie. Soudain, des connaissances enfouies, même celles que j'avais apprises à l'école il y a longtemps, comme les noms des plantes, ont refait surface. Mon intérêt n'a cessé de croître. Je me suis alors demandé : « Comment puis-je familiariser les jeunes enfants avec la nature ? »

Par quoi as-tu commencé dans ton jardin biodiversifié, que recommandes-tu aux personnes qui s'y intéressent pour la première fois ?

Chez nous, cela a commencé dans le jardin lorsque, pendant la phase de construction, la moitié de l'humus a été enlevée et que les talus ont été remblayés de manière maigre. Cet appauvrissement du sol est très apprécié par les fleurs sauvages et naturelles, mais il représente également un défi pour les plantes qui ont alors parfois trop peu de nutriments. Je conseille généralement de planter ce qui vous plaît. Il ne faut pas être trop strict. On peut s'approcher de l'esthétique, puis faire quelques essais. Je ne conseillerais pas forcément de commencer directement par un champ de fleurs entier. C'est un projet à long terme qui dépend fortement du sol et de l'emplacement. Au début, il faut observer ce qui pousse bien dans son propre jardin, puis utiliser généreusement ces plantes. Surtout pour les petites plantes, il vaut mieux réfléchir à ce qui pousse bien et en planter dix d'un coup, plutôt que d'avoir beaucoup de variétés différentes avec un seul exemplaire de chacune.

Quels défis as-tu rencontrés et comment les as-tu surmontés ?

Comme partout dans la vie en communauté, les besoins divergents se rencontrent également dans le jardin et il faut trouver des compromis. Heureusement, il est possible de créer plusieurs zones côte à côte dans un jardin. Il y a ainsi à la fois des espaces libres et des zones très végétalisées qui forment ensemble un bel ensemble. De cette manière, chacun a de l'espace pour respirer, travailler et agir, et les animaux du jardin ont suffisamment de nourriture et de cachettes. Ceux qui ont un jardin naturel le savent : il n'y a en fait pas de désordre, mais une luxuriance soigneusement conçue et consciente. Heureusement, nous n'avons jamais eu de conflits avec l'extérieur. La plupart des passants et des habitants trouvent le jardin passionnant. Il est intéressant de noter que les femmes sont souvent plus réceptives aux concepts proches de la nature et ont un accès facile et étroit à celle-ci.

Quels changements as-tu pu observer dans la vie du jardin ?

La croissance impressionnante des arbres et la prolifération des arbustes sont frappantes. Mon mari et moi avons commencé par élaborer un plan d'aménagement du jardin, et tout ce qui s'y trouve a été planté et disposé par nos soins (à l'exception de la pelouse). C'est un plaisir de voir comment tout s'assemble pour former un ensemble harmonieux. La végétation est si luxuriante que nous avons parfois du mal à maîtriser les arbres et les arbustes. Nous avons donc fait appel à un arboriculteur. Les arbres fruitiers sont taillés de manière professionnelle depuis longtemps et Jürg s'occupe de beaucoup de choses. Depuis que nous sommes à la retraite, nous pouvons vraiment profiter du jardin et y passer beaucoup de temps. Parfois, il faut presque chercher s'il reste de la place pour autre chose.

Quels sont nos projets pour l'avenir ?

Comme les amphibiens me tiennent très à cœur, j'aimerais avoir un étang plus grand. Je suis encore à la recherche de concepts réalisables. Tous les deux ou trois ans, je lance une grande campagne de plantation de bulbes ou de plantes vivaces. Cette année, ce seront principalement des narcisses, des jacinthes, des crocus et des iris. Là aussi, j'aime assembler les couleurs et veiller à créer un ensemble harmonieux. Je ne sais pas encore si j'aurai le temps de le faire cet automne. Au printemps, je verrai ce que les campagnols auront laissé. Je garde toujours à l'esprit l'aménagement de l'eau : j'aurais aimé prévoir une citerne dès le début. C'est plus facile à faire quand on est encore en train de construire la maison. Il manque encore des plantes vivaces qui fleurissent à la fin de l'été, ainsi que quelques plantes hautes et des graminées. J'aimerais reproduire avec les autres plantes la gradation en hauteur que j'ai créée avec les arbustes.

Félicitations pour cette distinction et merci beaucoup de montrer l'exemple en matière de biodiversité avec ton jardin, Brigitte !